Mission et action

Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons

1460 ans d’histoire

« un Pompéi Carolingien », Gérard de Nerval

Un trésor historique

Les ruines de l’Abbaye Royale de Saint-Médard sont remarquables par leurs origines Carolingiennes (de l’an 700 à l’an 1000). Les premières fondations remontent à la dynastie mérovingienne (de l’an 480 à 700), dynastie qui mit Soissons au cœur de son organisation politique en en faisant sa première capitale. Depuis sa création en 557 et pendant 500 ans, l’Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons fut un des plus grand centre religieux du royaume Franc et de l’empire de Charlemagne. Les premiers rois francs puis empereurs carolingiens y séjournèrent, s’y firent couronnés, enterrés et parfois même s’y enfermèrent mutuellement lors de querelles de successions. Basilique et mausolée royale, l’église abbatiale et le palais impérial furent témoins des grands évènements politiques et religieux qui donneront naissance à ce qui est aujourd’hui la France. Ce lieu de mémoire est à l’origine de l’identité de notre pays.

Il reste d’importantes fondations de l’église abbatiale, une crypte royale et de nombreux vestiges architecturaux. Il est essentiel de sauver ces vestiges en les préservant des méfaits de la main de l’homme et de la nature.

Il existe en France de nombreux vestiges de l’époque Carolingienne mais ils sont généralement enfouis sous des constructions postérieures et successives. A contrario, l’Abbaye Royale Saint-Médard est un champ archéologique à ciel ouvert qui n’a jamais été exploité avec les techniques archéologiques les plus récentes. Ce cas est assez unique pour faire du site de Saint-Médard un grand chantier archéologique. Etant donné la dimension européenne de l’empire carolingien, l’intérêt de communauté archéologique dépassera nécessairement le cadre purement hexagonale.

Une puissance évocatrice

Le site de l’Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons est la matrice de l’identité culturelle des Soissonnais. L’Abbaye Royale Saint-Médard donne à l’image d’Epinal du vase de Soissons une réalité géographique et physique que nul ne peut disputer aux Soissonnais. La municipalité s’est donnée pour vocation de se réapproprier cette histoire autour de Clovis, de ses fils et petit-

fils enterrés à Saint-Médard. L’objectif est de redonner ainsi à nos concitoyens une réelle fierté d’appartenance à l’histoire du royaume de Soissons qui est tout à la fois locale et européenne et au cours de laquelle les plus prestigieuses pages de l’histoire de France ont été écrites. Aux visiteurs qui demandent innocemment où trouver le fameux vase de Soissons, il est temps d’apporter une réponse et faute d’en avoir les restes, offrir au moins un écrin au cœur de l’abbaye qui fit la gloire des enfants de Clovis.

Un atout touristique

Il n’y a point de projet culturel pérenne s’il ne s’appuie sur une logique économique. Cette logique s’appelle le tourisme. Un site historique est un véritable moteur économique non délocalisable. Pour s’inscrire dans le long terme, le site de Saint-Médard ne doit pas être un centre de coût mais au contraire, à moyen terme, un centre de profit direct ou indirect pour la communauté urbaine de Soissons. En transformant ce site en destination touristique, l’offre culturelle de Soissons s’enrichira, confortant ainsi son label de « ville d’art et d’histoire » et participera à la mutation de Soissons de « ville étape » à une « ville séjour » propice à développer l’économie touristique locale. Dans cette perspective, une réflexion sur les moyens d’accès à Saint-Médard en provenance du centre-ville devra être lancée car pour l’instant le site est très isolé.

L’Association Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons

Forte de ses atouts, la ville de Soissons a suscité la création de l’Association Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons avec pour mission de sauvegarder, de valoriser, d’animer le site et de rendre cette action pérenne. Créée en novembre 2016, cette association a signé avec la ville de Soissons « une convention de mise à disposition de locaux et de partenariat culturel ». Elle travaille étroitement avec les élus, les responsables du patrimoine et avec les services techniques la ville.

Le premier objectif de l’association : sécuriser et valoriser le site historique.

Après la pose de portes, de barreaux aux fenêtres, de mains courantes et de rambardes pour sécuriser le parcours des visiteurs ; après la rénovation de la porte d’entrée, la réparation des descentes d’eau et la restauration de pierres défaillantes des murs du portail de l’abbaye ; après la dévégétalisation du mur d’enceinte et de la tour dite d’Abelard ; l’électrification de la crypte avec les services techniques de la ville est en cours pour permettre l’organisation d’animations culturelles et touristiques du site. De même, la mise en valeur des pierres sculptées et des sarcophages dans la crypte doit être faite avant fin 2018.

La numérisation de la crypte est programmée en 2019 pour permettre à la communauté scientifique de travailler sur les mêmes cartographies et d’entamer des travaux de restauration qui sont nécessaires notamment pour consolider ultérieurement les murs extérieurs de la crypte. A ce titre les services techniques de la ville ont déjà commencé à désherber le sol de l’abbatiale.

Avec toujours pour objectif de mettre en valeur Saint-Médard, l’année 2019 va être aussi consacrée à un chantier de fouille archéologique. Ces fouilles vont consister en une tranchée de reconnaissance aux abords de la crypte, dont l’emplacement est marqué en rouge sur le plan ci-après.

Cette tranchée nord-sud, d’environ 1,50 m de large et 17 m de long, permettra d’évaluer le potentiel archéologique subsistant dans ce secteur, de retrouver d’éventuelles traces de bâtiments antérieurs et de préciser les caractéristiques du mur méridional de l’église. Cette intervention sera associée à une étude de la partie du chœur subsistante de l’église principale.

Dans la perspective d’un nombre grandissant de visiteurs, la ville de Soissons travaille aujourd’hui sur l’aménagement d’un petit bâtiment existant à l’entrée du site de l’abbaye ou les visiteurs pourront être accueillis avec toutes les commodités habituelles

Deuxième objectif de l’association : ouvrir le site au grand public et plus particulièrement aux scolaires.

La première préoccupation de l’association a été de créer l’arsenal classique des outils de communication afin qu’à travers son site internet (www.saint-medard-soissons.fr) et ses lettres d’information son action soit médiatisée pour mieux faire connaitre l’Abbaye. Un dépliant en français, en anglais (et bientôt en allemand) ont été publiés et largement distribués notamment par l’office du tourisme du Grand Soissons avec qui l’association a signé une convention de partenariat. Par ailleurs, le Centre d'Interprétation de l'Architecture et du Patrimoine (CIAP) rédige un document plus complet sur Saint-Médard et qui s’inscrira dans sa collection Focus.

Avec le CIAP et l’office du tourisme, l’association organise régulièrement des visites du site, assure son ouverture lors de journées porte ouverte et y organise des animations pour attirer le public et les scolaires. Plus de mille visiteurs ont pu ainsi découvrir Saint-Médard en 2018.

Les fouilles archéologiques permettront aussi d’organiser des chantiers d’intégration et d’initiation à la restauration de monuments anciens. Ce projet ambitionne d’ouvrir le site à toute une population de curieux et de passionnés pour découvrir et même participer à sa mise en valeur. Il ne doit pas rester le domaine exclusif des chercheurs. Une animation populaire et auprès des scolaires sur le thème de Soissons et le Haut Moyen Age permettra chaque année d’attirer une population moins intéressée par l’histoire scientifique mais néanmoins sensible au prestige d’un glorieux passé.

Dans cette perspective, il est prévu les 7, 8, 9 juin 2019 à la Saint-Médard, l’organisation de journées de fouilles archéologiques avec des enfants des collèges encadrés par de jeunes archéologues et avec des animations : bac à fouilles et cuisine médiévale.

Quatre journées portes ouvertes d’avril à Septembre sont inscrites à l’agenda avec au programme la visite de la crypte et à partir du mois de juin des explications sur les fouilles qui seront entamées.

En partenariat avec le CIAP, l’association participe aux journées européennes du patrimoine les 21-22 septembre. Ouverture au grand public de la crypte et si possible de la chapelle avec une approche pédagogique des fouilles en cours.

Afin d’assurer le rayonnement du site de l’Abbaye Royale de Saint-Médard et d’y attirer un flux touristique allant au-delà des habitants du bassin soissonnais, l’association souhaite collaborer activement avec la Via Charlemagne. En 2018, la Via Charlemagne a été certifiée « Itinéraire culturel du Conseil de l’Europe ». En tant que berceau de la dynastie Carolingienne, l’abbaye Royale Saint-Médard de Soissons se doit d’être une étape importante dans ce circuit touristique. En étroite collaboration avec Noël Orsat, l’initiateur, de la Via Charlemagne, l’association va s’efforcer de mettre Soissons au cœur de ce projet. En réflexion, un guide touristique dédié à la Via Charlemagne et une signalétique appropriée tout le long du parcours permettrait d’offrir aux touristes un parcours initiatique et culturel sur le thème de Charlemagne allant de Paris à Aix la chapelle en passant par Soissons.

Troisième objectif de l’association : rendre pérenne son action en mobilisant la communauté scientifique des archéologues et historiens pour faire de Saint-Médard un site de référence européen sur le Haut Moyen Age de Clovis à Charlemagne..

La création d’un comité scientifique a permis la mobilisation d’un grand nombre de scientifiques français, allemand et belge. Cette proximité avec le monde de la recherche a mis en lumière le travail réalisé par l’association, travail récompensé par le prix Hugo remis en juillet 2018 par l’Académie des Inscriptions et des Belles-Lettres. Présidé par André Vauchez, membre de l’Institut, ce comité s’est réuni en 2017 et 2018 au cours de quatre séances à l’Institut de France. Il a organisé le 2 juin 2018, à Soissons, une journée d’étude pour faire un point sur la recherche historique et archéologique sur Saint-Médard. Afin de conforter ces premiers succès, l’association Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons a décidé de répondre à un appel à projets de l’Agence pour la recherche européenne. Pour étayer le dossier et démontrer sa valeur scientifique, il est important de produire des travaux de recherche et des publications sur le site de l’Abbaye Royale Saint-Médard de Soissons. Les fouilles archéologiques programmées en 2019 participent à cette logique. Pour compléter le volet archéologique, l’association souhaite soutenir deux actions devant enrichir le volet historique du dossier :

1/La publication des actes de la journée d’étude du 2 juin 2018. Cette journée a été l’occasion, devant un parterre de plus de 130 personnes, de faire le point sur les recherches archéologiques et historiques sur saint-Médard. Les actes qui reprennent les six communications scientifiques vont être publiés par la Revue d'histoire de l'Église de France. Le comité éditorial a accepté d’imprimer des tirés à part pour permettre à l’association d’en faire la diffusion.

2/L’édition du cartularium novum (1201-1300), Ce document, recueil de chartes contenant la transcription des titres de propriété et privilèges temporels du monastère et l’affectation des

revenus, est une sorte de livre de bord ou sont notés tous les événements concernant l’abbaye. Ce genre de document est une mine d’informations qui servira de référence aux chercheurs.

En 2019 l’association se devra de recruter un directeur de projet. L’Agence pour la recherche européenne n’accepte d’avoir qu’un seul interlocuteur et celui-ci doit avoir toute la légitimité scientifique pour concevoir et présenter le projet. Si l’Agence accorde les subventions, il en supervisera l’exécution et le suivi.

Pour aider le directeur de projet à construire et formaliser le projet, l’Agence européenne propose des bourses finançant les salaires de deux post-doctorants pendant deux ans. L’Agence demandant qu’au moins cinq pays de l’Union Européenne soient concernés par le projet, il faut sélectionner ces deux post-docs, l’un en archéologie et, l’autre, en histoire, de pays membres de l’Union Européenne hormis la France. Pour obtenir ces subventions, le dossier doit être déposé avant le mois de septembre 2019. Si accord, à partir de janvier 2020 un directeur de projet, deux post-doctorants aidés administrativement par l’association travailleront à la conception et la réalisation du dossier en an anglais présentant un projet global pluriannuel.

Les fouilles programmées, le recrutement du directeur de projet, des post-docs, les travaux des membres du comité scientifique et les publications renforceront le dossier global à présenter, peut-être dès septembre 2020, sinon en 2021.

Cette période de deux ans doit être mise à profit pour constituer des réseaux auprès des décideurs, se faire aider et conseiller par le bureau du CNRS à Bruxelles, établir des liens avec des institutions telles que la Deutsches historisches Institut, mettre en place un chantier école et/ou construire un programme de formation universitaire. Des partenariats avec les compagnons du devoir et des accords avec des entreprises privées apportant leur technologie de pointe sont autant d’éléments qui plaideront en faveur du dossier. Toujours avec pour objectif d’enraciner la légitimité du projet, un colloque pourra être organisé au cours de ces deux années.

Conclusion

Le site de Saint-Médard fait l’objet aujourd’hui de toutes les attentions. La ville de Soissons, le Grand Soissons, le département, la DRAC et l’association Abbaye Royale Saint-Médard- de Soissons, travaillent de concert pour mettre en valeur ce trésor archéologique et historique. La prise de conscience est générale et tous les efforts vont vers une réflexion de fond sur l’avenir de ce site. Le soutien financier de la ville de Soissons est l’amorce d’un projet qui doit être du niveau européen afin d’assurer sa pérennité. Il permettra de remettre Soissons sur la carte des grands sites historiques de l’Europe et participer ainsi activement au renouveau culturel et économique de cette belle ville.

Fait à Soissons le 26 novembre 2018

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